Description
Osiris
Mécène juif et nationaliste français
Qu’y a-t-il de commun entre offrir à l’Etat le château de Malmaison restauré, ériger une statue de Jeanne d’Arc à Nancy ou de Guillaume Tell à Lausanne, acheter un cru de Sauternes, collectionner les reliques napoléoniennes, ouvrir pour les déshérités du port de Bordeaux un « bateau-soupe », véritable ancêtre des « restos du Coeur », rêver de restaurer le Temple de Jérusalem, et à défaut, financer une huitaine de synagogues, de Paris à Tunis, ou encore léguer une trentaine de millions à l’Institut Pasteur?
Ce sont quelques oeuvres originales d’un homme, Daniel Iffla (1825-1907), qui, sous le pseudonyme plus romanesque d’Osiris, voue sa fortune de brillant financier au mécénat, selon une mystique incarnant ses valeurs philanthropiques et nationalistes à travers un panthéon où se croisent Moïse, Jeanne d’Arc, Napoléon, Pasteur…
Mais c’est aussi une blessure profonde, un amour de jeunesse, qui lui inspire ses fondations médicales et ce culte mélancolique de la commémoration. Romantique attardé dans la société de la Belle Époque, dont il est néanmoins une figure brillante, Osiris conserve toute sa vie le souvenir de sa femme morte en couches. Il n’écrit pas ses mémoires, mais rédige une série de testaments qui laissent entrevoir les sentiments qui l’animaient et les valeurs qu’il partageait avec un siècle dominé par la foi en la science et en l’homme, combinée chez lui avec une fidélité indéfectible au judaïsme et à sa patrie.
Collection Patrimoines
L’auteur:
Dominique Jarrassé est professeur d’histoire de l’art contemporain à l’université de Bordeaux et à l’École du Louvre. Il a fait ses études à Nancy, sa thèse à Paris IV sur L’architecture thermale en France entre 1800 et 1850 et son HDR sur L’Architecture des synagogues en France au XIXe siècle. A été chercheur à l’Institut Français d’Architecture pour l’exposition Villes d’eaux en France (1983-1985), puis maître de conférences à l’Université de Clermont-Ferrand. Commissaire de plusieurs expositions dont Le Temps des Synagogues en France 1791-1914 au Musée d’Orsay (1991). Ses travaux concernent l’art et l’architecture du XIXe et de la première moitié du XXe siècle, particulièrement les synagogues et l’art juif. A publié divers ouvrages comme L’Age d’or des synagogues (1991), Rodin (1993), L’art des jardins parisiens (2002), Existe-t-il un art juif ? (2006 ; réed. 2013), en collaboration avec Colette Bismuth-Jarrassé, Synagogues de Tunisie (2010)… Il aborde aussi des questions touchant à l’historiographie de ces domaines, aux relations de l’art et de l’anthropologie, en particulier à travers la notion d’art colonial.